Le 30 juillet, Pierre Bellanger, fondateur et directeur général de Skyrock, a été reçu par Hedwige Chevrillon, dans l'émission Qui êtes-vous, sur BFM Business.
Cet été, Qui êtes-vous ? Présenté par Hedwige Chevrillon, le rendez-vous incontournable des acteurs de l'économie et de la politique. BFMBusiness, première chaîne d'informations économiques en France. Retrouvez toute l'actualité économique et financière sur BFMBusiness.com. Pour ne rien manquer de nos vidéos, rendez-vous sur : http://www.bfmtv.com/video/bfmbusiness
Pierre Bellanger, fondateur et directeur... par BFMBUSINESS
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mardi 11 novembre 2014
lundi 3 novembre 2014
L’Espagne adopte la «taxe Google»
C’est une première en Europe. Dès le 1er janvier 2015, Google
devra reverser une taxe aux éditeurs de contenus numériques espagnols…
L’Espagne vient de voter une nouvelle loi sur la propriété intellectuelle autorisant les éditeurs de presse à demander une rétribution aux agrégateurs de contenu (Google Actualités est bien évidemment dans la ligne de mire) pour l’affichage de leurs articles.
Autrement dit, la loi, déjà surnommée «taxe Google» et qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, imposera à Google de verser une compensation aux éditeurs de presse pour tout contenu repris (lien, texte ou image). Et à ces derniers de fixer les montant qui permettront à Google et ses homologues (Yahoo actualités) d’afficher tout ou partie de leur contenu.
Le géant américain aurait menacé de retirer son service d’actualité d’Espagne, lui qui, en Allemagne, se contente d’afficher les titres des articles, sans image ni résumé.
L’Espagne vient de voter une nouvelle loi sur la propriété intellectuelle autorisant les éditeurs de presse à demander une rétribution aux agrégateurs de contenu (Google Actualités est bien évidemment dans la ligne de mire) pour l’affichage de leurs articles.
Autrement dit, la loi, déjà surnommée «taxe Google» et qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, imposera à Google de verser une compensation aux éditeurs de presse pour tout contenu repris (lien, texte ou image). Et à ces derniers de fixer les montant qui permettront à Google et ses homologues (Yahoo actualités) d’afficher tout ou partie de leur contenu.
Une loi attaquable
La filiale espagnole du géant du Net a, évidemment, fait valoir que son Google News générait du trafic aux sites de presse. En vain. Reste que si Google a perdu une bataille, il n’a pas perdu la guerre. La nouvelle loi est en effet attaquable. La jurisprudence espagnole ayant démontré qu’un lien vers une page en libre accès ne peut être soumis au droit d’auteur…Le géant américain aurait menacé de retirer son service d’actualité d’Espagne, lui qui, en Allemagne, se contente d’afficher les titres des articles, sans image ni résumé.
Source : 20minutes.fr
mercredi 15 octobre 2014
Pierre Bellanger : “l’âge d’or de la radio débute”
Pierre Bellanger regarde avec optimisme l'avenir de la radio © Serge Surpin
|
Source : lalettre.pro – Aux Rencontres Radio 2.0, Pierre Bellanger, emblématique patron de Skyrock, a joué la carte de l’optimisme au pupitre du Studio 105. En préambule de son propos, Pierre Bellanger a évoqué cette souveraineté numérique où l’internet n’est pas là pour changer ce monde mais pour… le remplacer. Mais n’ayez pas peur, tout va bien se passer.
La Radio 2.0 est-elle prête à l’emploi ? La première table ronde des Rencontres Radio 2.0, qui ont lieu depuis ce matin à Radio France, a donné le ton de la journée. D’un côté les optimistes. Et de l’autre, peu nombreux au Studio 105, les pessimistes… Pierre Bellanger fait, bien sûr, partie du premier groupe : “la radio, c’est une présence sonore. Le moment, le direct, ce qui est là… Une présence humaine avec de la personnalité. La radio, c’est un accompagnement vivant qui se trouve désormais dans un contexte complètement bouleversé” a-t-il justement souligné devant un public attentif.
Et Pierre Bellanger de dresser un rapide état des lieux en pointant du doigt “ces nouveaux services musicaux avec de nouvelles formes d’accompagnement. La radio est en train de perdre ce qui la caractérisait : l’accompagnement musical“. Faut-il s’en alarmer ? Non, pour Pierre Bellanger : “c’est un âge d’or qui débute pour la radio. Pourquoi ? Parce que les radios ont été brimées par les systèmes féodaux d’attribution de fréquences. Le talent va être désormais à armes égales. La radio apportera toujours cette accompagnement vivant. C’est ce qui va la caractériser“. On vous l’avez dit, Pierre Bellanger est optimiste.
Alors, la radio “c’est mort” ou pas ? “Non, la radio, c’est extraordinaire. La force de la voix est extraordinaire. C’est tout cela la force de la radio. Et ça, la machine ne sait pas le faire“. Un rapide rappel d’un des fondamentaux de la radio qui fait du bien dans un monde très digitalisé. Ou trop ?
vendredi 26 septembre 2014
« Le réseau est notre chance » : Pierre Bellanger sur RFI (complet) juin 2014
"La mondialisation a dévasté nos classes populaires. L'internet va dévorer nos classes moyennes." C'est la thèse défendue par Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, dans son livre «La souveraineté numérique». Un ouvrage qui dénonce, en particulier, l’accaparement de nos données personnelles par une poignée de géants américains du net. Pierre Bellanger est notre invité cette semaine pour partager son analyse et détailler les solutions qu'il propose.
Si vous nous suivez régulièrement, vous avez probablement perçu une certaine note de pessimisme chez nos invités depuis quelques mois. Une inquiétude qui se traduit également dans l’actualité avec, tout récemment, la possibilité pour les Européens de faire valoir leur droit à l’oubli sur le moteur de recherche Google.
Le désenchantement numérique fait entendre sa voix de plus en plus fort et ce qui est le plus inquiétant, c’est que ses porte-parole sont, pour la plupart, de grands enthousiastes de l’Internet. Parmi eux, Pierre Bellanger. A ses yeux, la liberté dépend désormais de la reconquête de «notre» souveraineté numérique.
Qui menace cette souveraineté ? Et comment pouvons-nous la reconquérir ?
Suite : http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/souverainete-numerique
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Souveraineté numérique
jeudi 4 septembre 2014
De notre relation aux machines à travers l’épigénétique
Avec le réseau, l’individu lui-même devient un réseau qui divise sa
présence et sa personnalité en de multiples interactions et écrans
simultanés. Cette multiprésence fait que, parfois, à force d’être
partout, on n’est nulle part. Il évoluera aussi certainement en un
réseau d’identités et de socialisations fluctuantes en fonction du
moment, du contexte et de l’intention.
Enfin, l’épigénétique montre que l’environnement influe sur l’expression des gênes, et ce sur des périodes très courtes. Utilisateurs depuis vingt ans du réseau, nous avons peut-être déjà été modifiés. Nous n’écoutons plus que rarement des sons originaux continus mais plutôt des échantillonnages informatiques : une succession de mesures reconstituant le son. Comment notre audition s’adapte-t-elle ? Nous passons plus d’un tiers de notre temps devant des écrans luminescents unidimensionnels. Comment notre vision s’adapte-t-elle ? Nos facultés intellectuelles évoluent-elles, soumises au surflot continu des données ? Que devient notre concentration, notre attention, notre mémoire ? Apprend-on pareillement avec un livre et un ordinateur ? Que change à notre physiologie l’immersion constante dans le champ magnétique des appareils connectés ?
L’être humain est social. Depuis la nuit des temps, sa survie dépend des autres, du groupe. La compréhension du spectre infini des relations interpersonnelles et de leur complexité est une nécessité biologique. Qu’advient-il de nos apprentissages et de nos instincts lorsque ces échanges ne sont plus en face à face mais procèdent d’interactions restreintes entre identités symboliques par écrans interposés ?
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
Enfin, l’épigénétique montre que l’environnement influe sur l’expression des gênes, et ce sur des périodes très courtes. Utilisateurs depuis vingt ans du réseau, nous avons peut-être déjà été modifiés. Nous n’écoutons plus que rarement des sons originaux continus mais plutôt des échantillonnages informatiques : une succession de mesures reconstituant le son. Comment notre audition s’adapte-t-elle ? Nous passons plus d’un tiers de notre temps devant des écrans luminescents unidimensionnels. Comment notre vision s’adapte-t-elle ? Nos facultés intellectuelles évoluent-elles, soumises au surflot continu des données ? Que devient notre concentration, notre attention, notre mémoire ? Apprend-on pareillement avec un livre et un ordinateur ? Que change à notre physiologie l’immersion constante dans le champ magnétique des appareils connectés ?
L’être humain est social. Depuis la nuit des temps, sa survie dépend des autres, du groupe. La compréhension du spectre infini des relations interpersonnelles et de leur complexité est une nécessité biologique. Qu’advient-il de nos apprentissages et de nos instincts lorsque ces échanges ne sont plus en face à face mais procèdent d’interactions restreintes entre identités symboliques par écrans interposés ?
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
jeudi 21 août 2014
Influence américaine et soumission européenne (1/2), par Pierre Bellanger
L’Europe et ses intelligentsias ont pris pour habitude d’adopter
prestement tout ce qui venait des États-Unis. Tout ce qui finit par ing fait l’objet d’une adulation immédiate. Il semblerait cependant que l’on ait un peu de mal avec le seul ing qui compte : le thinking.
Lorsque la manipulation venue d’Amérique – qui frappe aussi leurs
propres citoyens – invite à croire que la vie privée n’est plus à la
mode et que le top de la hype est le dévoilement de soi dans
une publication effrénée et sans pudeur… nous y cédons en masse, chacun
de peur de ne plus être en phase avec la modernité ambiante. Sur
Facebook, la vie privée est une option, découpée en plus d’une centaine
de critères qui varient de mise à jour en mise à jour. Il faut être
ingénieur système pour en maîtriser l’arborescence volatile ; c’est
pourquoi, comme le souhaitent les initiateurs du service, c’est la
configuration par défaut, elle aussi changeante, qui est majoritairement
conservée. Au lieu de partir du secret absolu comme réglage de base,
que l’utilisateur pourra ouvrir à sa façon, c’est l’inverse, il faut
accomplir toutes sortes d’efforts pour se protéger. Et chaque évolution
du service conduit à plus de dévoilement forcé. Le petit f, que l’on voit encore partout, signifie-t-il autre chose que flicage ?
L’ahurissante naïveté de la fraternelle des pigeons incrits de bon cœur
sur ces réseaux sociaux américains est consternante. Elle a pour
équivalent la candeur des fumeurs de tabac dans les années 60.
Comme c’était cool, la cigarette au bec avant la première radio des poumons ; comme c’est moderne aujourd’hui d’avoir son profil avant de s’apercevoir que le dévoilement de sa vie privée se retourne contre soi.
Il faut voir comment les marques commerciales, les médias, les pouvoirs publics, y compris les personnalités politiques, les ont adoptés. Il était pathétique, ici, lors de la dernière campagne présidentielle, de voir nos candidats défendre leur belle idée de la France sur Facebook, Twitter et Youtube. Désormais, le site de la Présidence de la République française, www.elysee.fr, invite sur sa page d’accueil à s’inscrire sur Facebook pour l’aimer… Ce que 68 473 personnes ont fait au moment où j’écris ces lignes. Ce qui n’est pas mal pour un pays de 66 millions d’habitants. C’est juste un peu moins que les 1 600 000 fans de la délicieuse Danette sur le même réseau social. En revanche, Danette n’a pas encore de siège au Conseil de Sécurité des Nations unies. Un partout. Le ministère de la Culture célèbre la création numérique nationale en ouvrant un blog sur le service américain Tumblr.com, alors que le premier réseau social de blogs en France est français… Mais peut-être que payer ses impôts et respecter la vie privée n’est pas assez tendance… Si parfois Aurélie sauve l’honneur, la nouvelle donne est la soumission. Les élites politiques en donnent l’exemple. Jusqu’à quand l’acceptera-t-on ?
Mark Zuckerberg, le brillant fondateur de Facebook, a d’ailleurs proclamé la fin de la vie privée et institué la transparence permise par son réseau comme la nouvelle norme sociale. Le même Zuckerberg, surpris par les réalisateurs d’un documentaire sur l’Internet à la sortie de son domicile, a surtout souhaité ne pas être filmé, ni enregistré. Are you guys recording ? Will you please not ? Avec l’argent provenant du dévoilement de la vie privée d’autrui, dont peut-être la vôtre, Mark vient d’acquérir pour 44 millions d’euros les quatre maisons adjacentes à sa propriété. Personne qui ne soit de son choix ne l’entendra éclater de rire en regardant sur son service les profils, bien mis à jour, de plus d’un milliard de candides.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
Comme c’était cool, la cigarette au bec avant la première radio des poumons ; comme c’est moderne aujourd’hui d’avoir son profil avant de s’apercevoir que le dévoilement de sa vie privée se retourne contre soi.
Il faut voir comment les marques commerciales, les médias, les pouvoirs publics, y compris les personnalités politiques, les ont adoptés. Il était pathétique, ici, lors de la dernière campagne présidentielle, de voir nos candidats défendre leur belle idée de la France sur Facebook, Twitter et Youtube. Désormais, le site de la Présidence de la République française, www.elysee.fr, invite sur sa page d’accueil à s’inscrire sur Facebook pour l’aimer… Ce que 68 473 personnes ont fait au moment où j’écris ces lignes. Ce qui n’est pas mal pour un pays de 66 millions d’habitants. C’est juste un peu moins que les 1 600 000 fans de la délicieuse Danette sur le même réseau social. En revanche, Danette n’a pas encore de siège au Conseil de Sécurité des Nations unies. Un partout. Le ministère de la Culture célèbre la création numérique nationale en ouvrant un blog sur le service américain Tumblr.com, alors que le premier réseau social de blogs en France est français… Mais peut-être que payer ses impôts et respecter la vie privée n’est pas assez tendance… Si parfois Aurélie sauve l’honneur, la nouvelle donne est la soumission. Les élites politiques en donnent l’exemple. Jusqu’à quand l’acceptera-t-on ?
Mark Zuckerberg, le brillant fondateur de Facebook, a d’ailleurs proclamé la fin de la vie privée et institué la transparence permise par son réseau comme la nouvelle norme sociale. Le même Zuckerberg, surpris par les réalisateurs d’un documentaire sur l’Internet à la sortie de son domicile, a surtout souhaité ne pas être filmé, ni enregistré. Are you guys recording ? Will you please not ? Avec l’argent provenant du dévoilement de la vie privée d’autrui, dont peut-être la vôtre, Mark vient d’acquérir pour 44 millions d’euros les quatre maisons adjacentes à sa propriété. Personne qui ne soit de son choix ne l’entendra éclater de rire en regardant sur son service les profils, bien mis à jour, de plus d’un milliard de candides.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
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Souveraineté numérique
dimanche 10 août 2014
France Télécom : Orange sera cette couleur gaie comme on en voit parfois dans les unités de soins palliatifs
(…) L’opérateur de télécommunications doit abandonner son rôle
d’opérateur de télécommunications pour celui de fournisseur au service
des nouveaux opérateurs de télécommunications : les résogiciels. En tant
que fournisseur, il sera mis en compétition avec des concurrents de
même nature et avec les réseaux déployés par ses clients. Il affrontera
cette situation en améliorant la qualité de son réseau, en dégradant sa
marge, en concluant des alliances afin d’accroître sa taille et en
investissant sur des marchés émergeants non encore sous la tutelle des
résogiciels et qui attendent qu’il y développe les infrastructures.
L’opérateur gérera le calendrier de sa récession qu’il coordonnera avec
la démographie de l’entreprise (les départs en retraite sur une
décennie). Il emploiera les artifices règlementaires à sa disposition
pour maintenir ses positions et ses ressources, voire les améliorer
temporairement : financement par les collectivités locales des zones
déficitaires réglementation tarifaire moins contraignante sur la fibre
par rapport au cuivre, marginalisation progressive des opérateurs
entrants, etc…
Au terme de ce processus, l’entreprise, réduite, se mettra dans l’orbite d’un acteur dominant du résogiciel, probablement américain (ce qui sera préfiguré par des accords de coopération l’éviscérant de sa valeur mais qui seront fièrement présentés) ; ou se verra démembrée (les portions rentables investies par des fonds, le reste sous perfusion publique) ; soit, enfin, intégrera une alliance subventionnée de fournisseurs européens. Dans l’intervalle, l’entreprise est exemplaire. L’inertie entre son déclin et sa manifestation adoucit le processus. Elle répond ainsi aux attentes financières à court terme.
Ce destin là ne nécessite aucune prise de décision particulière, aucune prise de risque. Ce n’est pas une décision, c’est une pente. Mais cette résignation ne sera pas exprimée : un habillage cosmétique donnera le change. Une mise en scène montrera l’inverse du processus en cours. L’entreprise apparaîtra comme multipliant les initiatives et les innovations dans le domaine du numérique. Dans les faits, l’absence d’intégration de ces actions, si performantes seront-elles, à une totalité fonctionnelle impliquant une mutation de l’entreprise en résolgiciel, les voueront à l’échec face aux écosystèmes informatiques rivaux.
Ce scenario a pour double avantage d’une part de faire illusion auprès du plus grand nombre, y compris auprès d’élites décisionnaires, journalistes et analystes, et d’autre part de ne pas remettre en cause les fondamentaux de l’entreprise, tant dans sa nature statique actuelle que dans ses rendements généreux, fussent-ils décroissants. Il sera demandé aux dirigeants, quels qu’ils soient, de conduire les départs en retraite, les réductions d’effectifs et les baisses de marge jusqu’à épuisement. Orange sera cette couleur gaie comme on en voit parfois dans les unités de soins palliatifs.
Comment penser France Télécom autrement, tant puissantes sont les inerties et les médisances ? Faire de cette entreprise le fer de lance de notre révolution numérique ? Beaucoup voient cela comme un oxymore. Le saut périlleux du tétraplégique, en quelque sorte. Et de décrire comment ce monstre perclus et anémique échouerait avant même d’avoir commencé. (…)
Il se peut que cela soit tout l’inverse et que cette bête blessée soit notre meilleur appui. Foch, après la contre-offensive de la Marne en 1914, arrachant la victoire d’un désordre sanglant et désespéré, eut, paraît-il, ces mots : On gagne les batailles avec les restes.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
Au terme de ce processus, l’entreprise, réduite, se mettra dans l’orbite d’un acteur dominant du résogiciel, probablement américain (ce qui sera préfiguré par des accords de coopération l’éviscérant de sa valeur mais qui seront fièrement présentés) ; ou se verra démembrée (les portions rentables investies par des fonds, le reste sous perfusion publique) ; soit, enfin, intégrera une alliance subventionnée de fournisseurs européens. Dans l’intervalle, l’entreprise est exemplaire. L’inertie entre son déclin et sa manifestation adoucit le processus. Elle répond ainsi aux attentes financières à court terme.
Ce destin là ne nécessite aucune prise de décision particulière, aucune prise de risque. Ce n’est pas une décision, c’est une pente. Mais cette résignation ne sera pas exprimée : un habillage cosmétique donnera le change. Une mise en scène montrera l’inverse du processus en cours. L’entreprise apparaîtra comme multipliant les initiatives et les innovations dans le domaine du numérique. Dans les faits, l’absence d’intégration de ces actions, si performantes seront-elles, à une totalité fonctionnelle impliquant une mutation de l’entreprise en résolgiciel, les voueront à l’échec face aux écosystèmes informatiques rivaux.
Ce scenario a pour double avantage d’une part de faire illusion auprès du plus grand nombre, y compris auprès d’élites décisionnaires, journalistes et analystes, et d’autre part de ne pas remettre en cause les fondamentaux de l’entreprise, tant dans sa nature statique actuelle que dans ses rendements généreux, fussent-ils décroissants. Il sera demandé aux dirigeants, quels qu’ils soient, de conduire les départs en retraite, les réductions d’effectifs et les baisses de marge jusqu’à épuisement. Orange sera cette couleur gaie comme on en voit parfois dans les unités de soins palliatifs.
Comment penser France Télécom autrement, tant puissantes sont les inerties et les médisances ? Faire de cette entreprise le fer de lance de notre révolution numérique ? Beaucoup voient cela comme un oxymore. Le saut périlleux du tétraplégique, en quelque sorte. Et de décrire comment ce monstre perclus et anémique échouerait avant même d’avoir commencé. (…)
Il se peut que cela soit tout l’inverse et que cette bête blessée soit notre meilleur appui. Foch, après la contre-offensive de la Marne en 1914, arrachant la victoire d’un désordre sanglant et désespéré, eut, paraît-il, ces mots : On gagne les batailles avec les restes.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
vendredi 25 juillet 2014
Pierre Bellanger sur le Cloud
L'accès à une ressource informatique distante pour accomplir une tâche porte le nom de télématique, quoi qu'il lui soit préféré actuellement le terme anglais de cloud qui signifie nuage puisque l'échange a lieu avec des machines lointaines et inconnues. Comme les miracles qui eurent lieu autour du tombeau de Saint-Cloud au VIè siècle, le nuage accomplit des prodiges. Il se substitue aux logiciels, aux processeurs aux mémoires, aux sauvegardes. Il fait de même avec tous les terminaux mobiles dont il devient l'indispensable complément. Le nuage est la clef du miniréseau personnel de machines de chacun.
Il ne s'agit que d'une illusion, l'utilisateur dispose de plusieurs écrans et appareils mais il est toujours connecté au même nuage. Sauf que cette machine distante ne sera plus la sienne. Pour les personnes, les foyers, les entreprises, le nuage est une révolution positive, un confort, une économie et un gain de productivité majeurs. Selon l'institut d'études IDC, les dépenses consacrées au nuage approcheront les 75 milliards d'euros en 2016. En 2013, il y avait déjà huit exabits de données dans le nuage, soit 8 milliards de millions de mégabits.
Rien n'arrêtera ce partage, il est consubstantiel au réseau. Sur le réseau, tout ce qui est ici est ailleurs, et tout est maintenant. Les résogiciels seront tôt ou tard les premiers acteurs du nuage. Ils avaient un contrôle virtuel de nos intelligences numériques, ils en auront désormais le contrôle physique. Le support même de l'information et de son traitement leur appartiendra. L'accès à nos propres données sera sous leur contrôle.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
Il ne s'agit que d'une illusion, l'utilisateur dispose de plusieurs écrans et appareils mais il est toujours connecté au même nuage. Sauf que cette machine distante ne sera plus la sienne. Pour les personnes, les foyers, les entreprises, le nuage est une révolution positive, un confort, une économie et un gain de productivité majeurs. Selon l'institut d'études IDC, les dépenses consacrées au nuage approcheront les 75 milliards d'euros en 2016. En 2013, il y avait déjà huit exabits de données dans le nuage, soit 8 milliards de millions de mégabits.
Rien n'arrêtera ce partage, il est consubstantiel au réseau. Sur le réseau, tout ce qui est ici est ailleurs, et tout est maintenant. Les résogiciels seront tôt ou tard les premiers acteurs du nuage. Ils avaient un contrôle virtuel de nos intelligences numériques, ils en auront désormais le contrôle physique. Le support même de l'information et de son traitement leur appartiendra. L'accès à nos propres données sera sous leur contrôle.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
mardi 15 juillet 2014
La souveraineté numérique, de Pierre Bellanger
"Après la crise économique, la crise numérique" : le 3 juillet dernier, Pierre Bellanger, Fondateur et président du groupe Skyrock, livrait ses réflexions et répondait aux questions des membres du GESTE présents à L’Express.
Nous traversons depuis six ans une crise financière qui a profondément perturbé nos économies. Aujourd’hui, certaines nations regagnent le chemin de la croissance. Mais avec une différence par rapport aux crises d’antan : l’emploi ne reprend pas avec la même vigueur. Nous assistons à un découplage progressif entre croissance et emploi. C’est un phénomène nouveau qui met en cause la plupart des remèdes actuels au chômage fondés sur la traditionnelle corrélation directe entre travail et dynamique économique.
Jadis, une crise faisait disparaître des emplois qui renaissaient la tempête passée ; aujourd’hui ce ne sont plus des emplois qui disparaissent mais des postes. Ceux-là ne réapparaissent plus au retour de l’activité. Ils ont été remplacés par des automatisations informatiques en réseau.
La crise économique a masqué une seconde crise plus grave et plus profonde : la crise numérique. Nous la devons au développement des réseaux informatiques et à Internet. L’Internet ne vient pas s’ajouter au monde que nous connaissons, il le remplace. Nous ne vivons pas une révolution industrielle comme jadis, qui était une sorte de passage de relais transformant le paysan en ouvrier puis l’ouvrier en employé, nous sommes – sans vraiment en avoir encore conscience – au cours, non pas d’une révolution, mais d’une substitution de notre système économique par Internet.
Selon une étude récente de l’université d’Oxford reprise par The Economist, qui en fit sa une, et par le Financial Times, l’automatisation et les réseaux numériques vont remplacer près d’un poste du secteur tertiaire sur deux les vingt prochaines années. Dans quel monde vivrions-nous, si la moitié des classes moyennes avait perdu leurs emplois entre 1990 et 2010 ? C’est dans ce monde que nous allons.
On opposera à ce noir pronostic, le célèbre oxymore de la « destruction créatrice » de l’économiste Schumpeter. Selon cet adage, qui prône la mutation de l’ancien en moderne, même si la transition est douloureuse, chacun sera demain partie prenante de l’économie en réseau avec un nouvel emploi. À cela, deux remarques. La première : Internet, selon les projections, détruit quatre emplois pour un créé et seul un dixième de ces emplois est qualifié. La seconde : dans une économie mondialisée, les emplois sont détruits ici et créés ailleurs.
Demain, on ne se rappellera plus des subprimes ou de Lehman Brothers mais de notre inconscience de la crise numérique. On évoquera, avec stupéfaction pour les plus jeunes, cet ahurissant choix collectif qui nous fit financer par la dette un maintien fictif et chaque jour plus coûteux dans une économie du vingtième siècle en voie de disparition.
Imaginons-nous dans un passé alternatif, au début du vingtième siècle, alors que l’industrie automobile se destine à devenir le cœur de l’économie entière. Que ferions-nous si nous avions les mêmes réflexes qu’aujourd’hui ? Des start-ups ! Une pour les rétroviseurs, d’autres pour les balais d’essuie-glace ou les housses de siège … Et ne doutons pas qu’un Ministre bienveillant remettrait chaque année la « Housse d’or » à la plus méritante. Une pléthore d’équipementiers mais pas de motoriste ? Ah non.
Qu’est qu’un motoriste dans l’économie d’Internet ? Il répond du nom de résogiciel, c’est-à-dire un réseau de services liés (moteur de recherche, courrier électronique, carnet d’adresses, calendrier, carte, etc. …). Ce réseau de services s’adosse à un système d’exploitation (logiciel qui pilote les machines), ainsi qu’à des infrastructures de réseaux et à des offres de terminaux. Un écosystème complet qui est si utile et pratique que l’on ne peut plus s’en passer. Le modèle de la chaîne de valeur est simple : le plus productif capte la valeur du moins productif. Ainsi l’économie d’un pays voit sa valeur passer au réseau numérique et cette valeur est ensuite répartie entre résogiciels rivaux.
Nous sommes absents en tant que grande nation industrielle de ce transfert. Nous ne maîtrisons pas notre destin sur les réseaux informatiques. Telle est la question soulevée par la souveraineté numérique.
Et cette perte de souveraineté n’est pas qu’économique. Que signifie le défilé militaire du 14 juillet lorsque notre État est incapable de garantir à ses citoyens le secret de la correspondance ? Ce n’est pas la France, c’est la Syldavie de Tintin.
Nos stratégies, nos brevets, nos conversations, nos secrets sont à livre ouvert pour autrui. Qu’est qu’un pays qui ne peut plus protéger ni la vie privée, ni la confidence nécessaire à l’élaboration de toute propriété intellectuelle ? C’est une colonie, un parc d’attraction houellebecquien, un musée.
Que faut-il faire ? Écrire un livre ? Alerter les plus hautes autorités de l’État ? C’est fait. Et maintenant ? Il faut un cadre législatif qui se fonde sur la liberté des utilisateurs et non plus sur le pillage des données. Beaumarchais a inventé le droit d’auteur, à nous de créer un nouveau droit de propriété : celui de sa trace numérique sur les réseaux. Cette propriété des données informatiques personnelles oblige à créer de nouveaux logiciels respectueux des utilisateurs : c’est la seconde chance de l’industrie européenne du logiciel. Ensuite, il faut localiser les données : tout captation et traitement de données provenant d’un citoyen européen doit avoir lieu sur le territoire communautaire et répondre de ses tribunaux. De plus l’exportation réglementée de données personnelles hors de l’Union doit être taxée, c’est la dataxe. Et enfin, tous les échanges informatiques français et européens doivent être systématiquement cryptés.
Cela fait, il nous faut un résogiciel national et européen. Plusieurs formules pour y parvenir sont possibles et quelques erreurs sont à éviter. Il y a plusieurs bonnes solutions et des exemples internationaux. Il sera le moteur de la mise en réseau de notre économie et de chacun de ses secteurs. Le réseau est notre chance et la condition de notre maintien dans ce monde nouveau. Et il nous faut comme centre de gravité de ce résogiciel un système d’exploitation souverain qui pilotera toutes les machines. Je vais le dire en anglais pour faire plus crédible : a sovereign operating system. L’acronyme qu’on tire signale la gravité de la situation. Nous sommes obligés d’être optimistes. Ne voit-on pas déjà l’Allemagne et le Brésil se réveiller ? Notre pays n’est-il pas en train lui aussi de prendre conscience ?
La croissance des réseaux informatiques est exponentielle, c’est-à-dire qu’elle est de plus en plus rapide. Nous n’avons pas le luxe du temps, c’est un état d’urgence. L’étude de The Economist calcule la probabilité de remplacement des emplois par les machines en réseau, métier par métier. Si vous êtes thérapeute, dentiste, entraîneur sportif ou prêtre, ne tenez pas compte de cette tribune. Tout va bien.
Pierre Bellanger 22/02/14
Fondateur et président du groupe Skyrock
Auteur de « La souveraineté numérique » paru chez Stock
Nous traversons depuis six ans une crise financière qui a profondément perturbé nos économies. Aujourd’hui, certaines nations regagnent le chemin de la croissance. Mais avec une différence par rapport aux crises d’antan : l’emploi ne reprend pas avec la même vigueur. Nous assistons à un découplage progressif entre croissance et emploi. C’est un phénomène nouveau qui met en cause la plupart des remèdes actuels au chômage fondés sur la traditionnelle corrélation directe entre travail et dynamique économique.
Jadis, une crise faisait disparaître des emplois qui renaissaient la tempête passée ; aujourd’hui ce ne sont plus des emplois qui disparaissent mais des postes. Ceux-là ne réapparaissent plus au retour de l’activité. Ils ont été remplacés par des automatisations informatiques en réseau.
La crise économique a masqué une seconde crise plus grave et plus profonde : la crise numérique. Nous la devons au développement des réseaux informatiques et à Internet. L’Internet ne vient pas s’ajouter au monde que nous connaissons, il le remplace. Nous ne vivons pas une révolution industrielle comme jadis, qui était une sorte de passage de relais transformant le paysan en ouvrier puis l’ouvrier en employé, nous sommes – sans vraiment en avoir encore conscience – au cours, non pas d’une révolution, mais d’une substitution de notre système économique par Internet.
Selon une étude récente de l’université d’Oxford reprise par The Economist, qui en fit sa une, et par le Financial Times, l’automatisation et les réseaux numériques vont remplacer près d’un poste du secteur tertiaire sur deux les vingt prochaines années. Dans quel monde vivrions-nous, si la moitié des classes moyennes avait perdu leurs emplois entre 1990 et 2010 ? C’est dans ce monde que nous allons.
On opposera à ce noir pronostic, le célèbre oxymore de la « destruction créatrice » de l’économiste Schumpeter. Selon cet adage, qui prône la mutation de l’ancien en moderne, même si la transition est douloureuse, chacun sera demain partie prenante de l’économie en réseau avec un nouvel emploi. À cela, deux remarques. La première : Internet, selon les projections, détruit quatre emplois pour un créé et seul un dixième de ces emplois est qualifié. La seconde : dans une économie mondialisée, les emplois sont détruits ici et créés ailleurs.
Demain, on ne se rappellera plus des subprimes ou de Lehman Brothers mais de notre inconscience de la crise numérique. On évoquera, avec stupéfaction pour les plus jeunes, cet ahurissant choix collectif qui nous fit financer par la dette un maintien fictif et chaque jour plus coûteux dans une économie du vingtième siècle en voie de disparition.
Imaginons-nous dans un passé alternatif, au début du vingtième siècle, alors que l’industrie automobile se destine à devenir le cœur de l’économie entière. Que ferions-nous si nous avions les mêmes réflexes qu’aujourd’hui ? Des start-ups ! Une pour les rétroviseurs, d’autres pour les balais d’essuie-glace ou les housses de siège … Et ne doutons pas qu’un Ministre bienveillant remettrait chaque année la « Housse d’or » à la plus méritante. Une pléthore d’équipementiers mais pas de motoriste ? Ah non.
Qu’est qu’un motoriste dans l’économie d’Internet ? Il répond du nom de résogiciel, c’est-à-dire un réseau de services liés (moteur de recherche, courrier électronique, carnet d’adresses, calendrier, carte, etc. …). Ce réseau de services s’adosse à un système d’exploitation (logiciel qui pilote les machines), ainsi qu’à des infrastructures de réseaux et à des offres de terminaux. Un écosystème complet qui est si utile et pratique que l’on ne peut plus s’en passer. Le modèle de la chaîne de valeur est simple : le plus productif capte la valeur du moins productif. Ainsi l’économie d’un pays voit sa valeur passer au réseau numérique et cette valeur est ensuite répartie entre résogiciels rivaux.
Nous sommes absents en tant que grande nation industrielle de ce transfert. Nous ne maîtrisons pas notre destin sur les réseaux informatiques. Telle est la question soulevée par la souveraineté numérique.
Et cette perte de souveraineté n’est pas qu’économique. Que signifie le défilé militaire du 14 juillet lorsque notre État est incapable de garantir à ses citoyens le secret de la correspondance ? Ce n’est pas la France, c’est la Syldavie de Tintin.
Nos stratégies, nos brevets, nos conversations, nos secrets sont à livre ouvert pour autrui. Qu’est qu’un pays qui ne peut plus protéger ni la vie privée, ni la confidence nécessaire à l’élaboration de toute propriété intellectuelle ? C’est une colonie, un parc d’attraction houellebecquien, un musée.
Que faut-il faire ? Écrire un livre ? Alerter les plus hautes autorités de l’État ? C’est fait. Et maintenant ? Il faut un cadre législatif qui se fonde sur la liberté des utilisateurs et non plus sur le pillage des données. Beaumarchais a inventé le droit d’auteur, à nous de créer un nouveau droit de propriété : celui de sa trace numérique sur les réseaux. Cette propriété des données informatiques personnelles oblige à créer de nouveaux logiciels respectueux des utilisateurs : c’est la seconde chance de l’industrie européenne du logiciel. Ensuite, il faut localiser les données : tout captation et traitement de données provenant d’un citoyen européen doit avoir lieu sur le territoire communautaire et répondre de ses tribunaux. De plus l’exportation réglementée de données personnelles hors de l’Union doit être taxée, c’est la dataxe. Et enfin, tous les échanges informatiques français et européens doivent être systématiquement cryptés.
Cela fait, il nous faut un résogiciel national et européen. Plusieurs formules pour y parvenir sont possibles et quelques erreurs sont à éviter. Il y a plusieurs bonnes solutions et des exemples internationaux. Il sera le moteur de la mise en réseau de notre économie et de chacun de ses secteurs. Le réseau est notre chance et la condition de notre maintien dans ce monde nouveau. Et il nous faut comme centre de gravité de ce résogiciel un système d’exploitation souverain qui pilotera toutes les machines. Je vais le dire en anglais pour faire plus crédible : a sovereign operating system. L’acronyme qu’on tire signale la gravité de la situation. Nous sommes obligés d’être optimistes. Ne voit-on pas déjà l’Allemagne et le Brésil se réveiller ? Notre pays n’est-il pas en train lui aussi de prendre conscience ?
La croissance des réseaux informatiques est exponentielle, c’est-à-dire qu’elle est de plus en plus rapide. Nous n’avons pas le luxe du temps, c’est un état d’urgence. L’étude de The Economist calcule la probabilité de remplacement des emplois par les machines en réseau, métier par métier. Si vous êtes thérapeute, dentiste, entraîneur sportif ou prêtre, ne tenez pas compte de cette tribune. Tout va bien.
Pierre Bellanger 22/02/14
Fondateur et président du groupe Skyrock
Auteur de « La souveraineté numérique » paru chez Stock
Source : geste.fr
jeudi 10 juillet 2014
Souveraineté numérique : faut-il un patriotisme économique ? Pierre Bellanger sur France 2
JT 20h FRANCE 2 : Pierre BELLANGER et la... par Pierre-Bellanger
Pierre Bellanger, président fondateur de Skyrock, auteur de "La souveraineté numérique", dénonce la perte de souveraineté de la France au profit de sociétés américaines qui s'assurent ainsi une mainmise sur l'économie du futur.
mardi 1 juillet 2014
Internet et la mondialisation, par Pierre Bellanger
Pierre Bellanger, la Souverainté numérique |
Encore faut-il maîtriser cette mise en réseau. Et ne pas la laisser à des résogiciels exogènes qui ne feront que transférer ailleurs la valeur encore subsistante ici. Plus un secteur économique fonde sa valeur sur l’information et son traitement, plus il est vulnérable au déplacement de cette valeur vers le résogiciel. Le secteur primaire d’extraction des ressources (agriculture, pêche…) est le moins directement menacé. Le problème se pose dès le secteur secondaire (tous les métiers de fabrication et de transformation de la matière : de l’aéronautique à la production d’énergie). Le secteur tertiaire est attaqué encore plus directement. L’Internet automatise les services. Certains de ses services étant rétrogradés à l’état de prestataires interchangeables ou tout simplement substitués.
(…)
Nous traversons depuis 2008 une crise bancaire et financière qui a ébranlé nos économies et en a effondré certaines. Le choc fut tel et les remèdes si douloureux que tous nos efforts et notre attention se sont focalisés sur ce drame collectif. La traversée de cette épreuve au quotidien a été notre seule obsession et notre principale grille de lecture. C’est à cette dépression que nous avons attribué tous nos maux et, par conséquent, nous avons formé l’espoir de les voir disparaître une fois sortis d’affaire. C’est une erreur. La récession a masqué des causes plus profondes, des mutations plus graves qui aujourd’hui montent en puissance et fondent l’atypisme de la sortie de crise actuelle.
Pourquoi l’emploi ne redémarre-t-il pas avec la vigueur d’autrefois lorsque s’achevait une tourmente ? Pourquoi rien ne semble vouloir arrêter l’évidement progressif de la classe moyenne s’érodant majoritairement dans la précarité, et même la pauvreté, tandis que seuls quelques uns s’échappent par le haut ? (…) La réponse est claire. Il ne s’agit pas seulement du coût du travail des pays émergents – d’ailleurs en augmentation -, il s’agit également de la compétition accrue des machines, de l’automatisation des algorithmes. L’Internet, et les résogiciels qui en sont les écosystèmes combattants, vont bouleverser nos services, notre industrie, notre administration et notre société tout entière.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
vendredi 20 juin 2014
L'Internet renouvelle les jeux nationaux
L'Internet renouvelle les jeux nationaux souvent fermés et tenus par des acteurs installés. Il échappe aux collusions asphyxiantes et fissure jusqu'à les faire exploser les petits oligopoles protégés. Partout, il éveille casse les verrous et se joue des censures. Ouvert, sans autorisation ni droit d'entrée, sans capital ni pedigree, le réseau éveille les initiatives, les opinions, les idées, les entreprises et les expérimentations. Il apporte des solutions nouvelles qui améliorent le quotidien du grand nombre. Il fonde une conversation entre tous qui émancipe la société et ajoute au débat démocratique. Il est un des rares nouveaux contre-pouvoirs qui donnent une chance aux entrants par rapport aux intérêts en place. Les excès, les dangers, les erreurs et même sa capacité à reconfigurer dans la tourmente des industries entières ne doivent pas remettre en cause son extraordinaire utilité sociale.
C'est pourquoi cette source de changement permanent doit être préservée et défendue même si elle dérange et contrarie. L'économie de marché agit de la même manière en préservant la concurrence, le choix et la diversité des acteurs. La liberté de la presse répond de la même exigence. Mais cette vitalité créatrice et stimulante du réseau doit être employée à renforcer notre souveraineté, non pas à la saper.
Actuellement a lieu un transfert de souveraineté, de maîtrise de notre destin numérique, massif et silencieux. Peut-on l'accepter dès lors qu'on en prend conscience ? C'est non seulement un enjeu de vie privée pour des millions de personnes, mais aussi de compétitivité économique et de sécurité nationale pour tous. Les transferts de souveraineté sont souvent révélés trop tard. Prenons quelques signes avant-coureurs apparus dès 2011 : la mobilisation des systèmes de paiement, des réseaux sociaux et services de télécommunication privés contre Wikileaks ou le collectif des Anonymous, ou bien encore pour traquer les émeutiers de Londres. Soudain leurs transactions, leurs communications, leurs échanges furent interrompus, mais aussi analysés, recherchés. Il n'était pas acceptable que de telles actions - si nécessaires soient-elles dans certains cas - s'opèrent hors de la seule autorité judiciaire.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
C'est pourquoi cette source de changement permanent doit être préservée et défendue même si elle dérange et contrarie. L'économie de marché agit de la même manière en préservant la concurrence, le choix et la diversité des acteurs. La liberté de la presse répond de la même exigence. Mais cette vitalité créatrice et stimulante du réseau doit être employée à renforcer notre souveraineté, non pas à la saper.
Actuellement a lieu un transfert de souveraineté, de maîtrise de notre destin numérique, massif et silencieux. Peut-on l'accepter dès lors qu'on en prend conscience ? C'est non seulement un enjeu de vie privée pour des millions de personnes, mais aussi de compétitivité économique et de sécurité nationale pour tous. Les transferts de souveraineté sont souvent révélés trop tard. Prenons quelques signes avant-coureurs apparus dès 2011 : la mobilisation des systèmes de paiement, des réseaux sociaux et services de télécommunication privés contre Wikileaks ou le collectif des Anonymous, ou bien encore pour traquer les émeutiers de Londres. Soudain leurs transactions, leurs communications, leurs échanges furent interrompus, mais aussi analysés, recherchés. Il n'était pas acceptable que de telles actions - si nécessaires soient-elles dans certains cas - s'opèrent hors de la seule autorité judiciaire.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
lundi 16 juin 2014
Souveraineté numérique, par Pierre Bellanger : la neutralité du Net en question
Le débat sur la « neutralité du Net », c’est-à-dire l’obligation de véhiculer sans différenciation toute information transmise sur le réseau, est aussi un sujet de souveraineté. Il est probable que les grands acteurs des services Internet la défendront tant que leur pouvoir ne sera pas assuré, pour ensuite l’abandonner afin d’asseoir leur domination, car désormais seuls capables financièrement de faire discriminer positivement leurs services pour obtenir le meilleur débit. Demain, si le contrôle de nos infrastructures est perdu, les services des nouveaux propriétaires des réseaux seront privilégiés au détriment des autres, comme c’est déjà le cas sur les moteurs de recherche. La neutralité au niveau mondial se détermine par un rapport de force conjuguant marchés et réseaux : vos services seront bien traités chez nous si les nôtres sont bien traités chez vous. Et à chacun de s’y accorder ou non, en fonction de son préjudice potentiel. Un conseil : soyez le plus gros possible.
Demain, sur une plateforme de vente, la censure peut faire disparaître des éléments de notre culture, de notre art de vivre ou de notre diversité d’expression. Nous sommes habitués à la sexophobie anglo-saxonne et à leur promotion de la violence comme forme majeure de divertissement. Nous adoptons d’ailleurs progressivement, sans nous en rendre vraiment compte, leurs réserves et leurs tolérances. Le réseau social Facebook a maintenu en ligne plusieurs semaines la vidéo de la décapitation d’une femme mexicaine jusqu’à l’intervention du Premier ministre britannique, tandis qu’il a éliminé une reproduction du tableau de Gustave Courbet de 1866, un nu féminin dénommé fort justement : L’Origine du monde.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014. Source : jeanpierremaille.wordpress.com
Demain, sur une plateforme de vente, la censure peut faire disparaître des éléments de notre culture, de notre art de vivre ou de notre diversité d’expression. Nous sommes habitués à la sexophobie anglo-saxonne et à leur promotion de la violence comme forme majeure de divertissement. Nous adoptons d’ailleurs progressivement, sans nous en rendre vraiment compte, leurs réserves et leurs tolérances. Le réseau social Facebook a maintenu en ligne plusieurs semaines la vidéo de la décapitation d’une femme mexicaine jusqu’à l’intervention du Premier ministre britannique, tandis qu’il a éliminé une reproduction du tableau de Gustave Courbet de 1866, un nu féminin dénommé fort justement : L’Origine du monde.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014. Source : jeanpierremaille.wordpress.com
samedi 7 juin 2014
« Le réseau est notre chance » : Pierre Bellanger appelle à la reconquête de la souveraineté numérique
"La mondialisation a dévasté nos classes populaires. L'internet va dévorer nos classes moyennes." C'est la thèse défendue par Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, dans son livre «La souveraineté numérique». Un ouvrage qui dénonce, en particulier, l’accaparement de nos données personnelles par une poignée de géants américains du net. Pierre Bellanger est notre invité cette semaine pour partager son analyse et détailler les solutions qu'il propose.
Si vous nous suivez régulièrement, vous avez probablement perçu une certaine note de pessimisme chez nos invités depuis quelques mois. Une inquiétude qui se traduit également dans l’actualité avec, tout récemment, la possibilité pour les Européens de faire valoir leur droit à l’oubli sur le moteur de recherche Google.
Le désenchantement numérique fait entendre sa voix de plus en plus fort et ce qui est le plus inquiétant, c’est que ses porte-parole sont, pour la plupart, de grands enthousiastes de l’Internet. Parmi eux, Pierre Bellanger. A ses yeux, la liberté dépend désormais de la reconquête de «notre» souveraineté numérique.
Qui menace cette souveraineté ? Et comment pouvons-nous la reconquérir ?
Première partie : rfi.fr/emission/20140607-1-reseau-bellanger-numerique/
Seconde partie : rfi.fr/emission/20140607-2-le-reseau-est-notre-chance-pierre-bellanger-appelle-reconquete-souverainete-nume/
Si vous nous suivez régulièrement, vous avez probablement perçu une certaine note de pessimisme chez nos invités depuis quelques mois. Une inquiétude qui se traduit également dans l’actualité avec, tout récemment, la possibilité pour les Européens de faire valoir leur droit à l’oubli sur le moteur de recherche Google.
Le désenchantement numérique fait entendre sa voix de plus en plus fort et ce qui est le plus inquiétant, c’est que ses porte-parole sont, pour la plupart, de grands enthousiastes de l’Internet. Parmi eux, Pierre Bellanger. A ses yeux, la liberté dépend désormais de la reconquête de «notre» souveraineté numérique.
Qui menace cette souveraineté ? Et comment pouvons-nous la reconquérir ?
Première partie : rfi.fr/emission/20140607-1-reseau-bellanger-numerique/
Seconde partie : rfi.fr/emission/20140607-2-le-reseau-est-notre-chance-pierre-bellanger-appelle-reconquete-souverainete-nume/
vendredi 6 juin 2014
Pierre Bellanger La souveraineté numérique STOCK
"La mondialisation a dévasté nos classes populaires. L’Internet va dévorer nos classes moyennes" Ce sombre présage illustre le ton de ce livre qui fourmille d’exemples concrets sur la révolution numérique et de pistes pour le futur. La France et l’Europe n’ont aucune maîtrise sur cette rupture majeure de l’histoire de l’humanité qui concerne emplois, données personnelles, vie privées, fiscalité et souveraineté, le cheval de bataille de Pierre Bellanger. Mais après avoir plongé son lecteur dans les affres de la perplexité et la peur, l’auteur indique les atouts de la France et de l’Europe et les solutions à envisager. D’après lui, la démocratie est un atout majeur face à la puissance montante de la Chine. On peut en douter, quand on voit que l’élection ne porte aujourd’hui au pouvoir que des élites de gauche ou de droite, incapables de proposer des solutions aux problèmes d’emploi, d’écologie, de santé, d’enseignement. Bellanger reprend l’antienne du progrès, vu sous l’angle du numérique, en expliquant qu’il contient l’antidote aux problèmes qu’il induit: suppression de la confidentialité, élimination massive d’emplois industriels, etc.
Taxer les donnés personnelles: une solution improbable
Un passage du livre traite de la fiscalité des données, une idée contenue dans le rapport Collin-Colin de 2013 sur la fiscalité du numérique. Les auteurs préconisaient de taxer les GAFA (Google, Facebook, Amazon, Apple) via une digi-douane qui demanderait aux géants du numérique de s’acquitter d’impôts en fonction de l’utilisation des données personnelles. Et de citer aussi la bourse aux quotas de CO2, laquelle a donné lieu à de telles arnaques en 2009 qu’il a fallu arrêter l’expérience.
Sources : humeursnumeriques.wordpress.com
libertesdigitales.wordpress.com
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