mardi 11 novembre 2014

Souveraineté numérique : Pierre Bellanger sur BFM Business le 30/07 : l'entretien complet

Le 30 juillet, Pierre Bellanger, fondateur et directeur général de Skyrock, a été reçu par Hedwige Chevrillon, dans l'émission Qui êtes-vous, sur BFM Business. Cet été, Qui êtes-vous ? Présenté par Hedwige Chevrillon, le rendez-vous incontournable des acteurs de l'économie et de la politique. BFMBusiness, première chaîne d'informations économiques en France. Retrouvez toute l'actualité économique et financière sur BFMBusiness.com. Pour ne rien manquer de nos vidéos, rendez-vous sur : http://www.bfmtv.com/video/bfmbusiness


Pierre Bellanger, fondateur et directeur... par BFMBUSINESS

Pierre Bellanger, fondateur et directeur... par BFMBUSINESS

Pierre Bellanger, fondateur et directeur... par BFMBUSINESS

Pierre Bellanger, fondateur et directeur... par BFMBUSINESS

lundi 3 novembre 2014

L’Espagne adopte la «taxe Google»

C’est une première en Europe. Dès le 1er janvier 2015, Google devra reverser une taxe aux éditeurs de contenus numériques espagnols…
L’Espagne vient de voter une nouvelle loi sur la propriété intellectuelle autorisant les éditeurs de presse à demander une rétribution aux agrégateurs de contenu (Google Actualités est bien évidemment dans la ligne de mire) pour l’affichage de leurs articles.
Autrement dit, la loi, déjà surnommée «taxe Google» et qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, imposera à Google de verser une compensation aux éditeurs de presse pour tout contenu repris (lien, texte ou image). Et à ces derniers de fixer les montant qui permettront à Google et ses homologues (Yahoo actualités) d’afficher tout ou partie de leur contenu.

Une loi attaquable

La filiale espagnole du géant du Net a, évidemment, fait valoir que son Google News générait du trafic aux sites de presse. En vain. Reste que si Google a perdu une bataille, il n’a pas perdu la guerre. La nouvelle loi est en effet attaquable. La jurisprudence espagnole ayant démontré qu’un lien vers une page en libre accès ne peut être soumis au droit d’auteur…
Le géant américain aurait menacé de retirer son service d’actualité d’Espagne, lui qui, en Allemagne, se contente d’afficher les titres des articles, sans image ni résumé.
Source : 20minutes.fr

mercredi 15 octobre 2014

Pierre Bellanger : “l’âge d’or de la radio débute”

Pierre Bellanger regarde avec optimisme l'avenir de la radio © Serge Surpin

Source : lalettre.pro – Aux Rencontres Radio 2.0, Pierre Bellanger, emblématique patron de Skyrock, a joué la carte de l’optimisme au pupitre du Studio 105. En préambule de son propos, Pierre Bellanger a évoqué cette souveraineté numérique où l’internet n’est pas là pour changer ce monde mais pour… le remplacer. Mais n’ayez pas peur, tout va bien se passer.

La Radio 2.0 est-elle prête à l’emploi ? La première table ronde des Rencontres Radio 2.0, qui ont lieu depuis ce matin à Radio France, a donné le ton de la journée. D’un côté les optimistes. Et de l’autre, peu nombreux au Studio 105, les pessimistes… Pierre Bellanger fait, bien sûr, partie du premier groupe : “la radio, c’est une présence sonore. Le moment, le direct, ce qui est là… Une présence humaine avec de la personnalité. La radio, c’est un accompagnement vivant qui se trouve désormais dans un contexte complètement bouleversé” a-t-il justement souligné devant un public attentif.

Et Pierre Bellanger de dresser un rapide état des lieux en pointant du doigt “ces nouveaux services musicaux avec de nouvelles formes d’accompagnement. La radio est en train de perdre ce qui la caractérisait : l’accompagnement musical“. Faut-il s’en alarmer ? Non, pour Pierre Bellanger : “c’est un âge d’or qui débute pour la radio. Pourquoi ? Parce que les radios ont été brimées par les systèmes féodaux d’attribution de fréquences. Le talent va être désormais à armes égales. La radio apportera toujours cette accompagnement vivant. C’est ce qui va la caractériser“. On vous l’avez dit, Pierre Bellanger est optimiste.

Alors, la radio “c’est mort” ou pas ? “Non, la radio, c’est extraordinaire. La force de la voix est extraordinaire. C’est tout cela la force de la radio. Et ça, la machine ne sait pas le faire“. Un rapide rappel d’un des fondamentaux de la radio qui fait du bien dans un monde très digitalisé. Ou trop ?

vendredi 26 septembre 2014

« Le réseau est notre chance » : Pierre Bellanger sur RFI (complet) juin 2014



"La mondialisation a dévasté nos classes populaires. L'internet va dévorer nos classes moyennes." C'est la thèse défendue par Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, dans son livre «La souveraineté numérique». Un ouvrage qui dénonce, en particulier, l’accaparement de nos données personnelles par une poignée de géants américains du net. Pierre Bellanger est notre invité cette semaine pour partager son analyse et détailler les solutions qu'il propose.

Si vous nous suivez régulièrement, vous avez probablement perçu une certaine note de pessimisme chez nos invités depuis quelques mois. Une inquiétude qui se traduit également dans l’actualité avec, tout récemment, la possibilité pour les Européens de faire valoir leur droit à l’oubli sur le moteur de recherche Google.

Le désenchantement numérique fait entendre sa voix de plus en plus fort et ce qui est le plus inquiétant, c’est que ses porte-parole sont, pour la plupart, de grands enthousiastes de l’Internet. Parmi eux, Pierre Bellanger. A ses yeux, la liberté dépend désormais de la reconquête de «notre» souveraineté numérique.

Qui menace cette souveraineté ? Et comment pouvons-nous la reconquérir ?

Suite : http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/souverainete-numerique

jeudi 4 septembre 2014

De notre relation aux machines à travers l’épigénétique

Avec le réseau, l’individu lui-même devient un réseau qui divise sa présence et sa personnalité en de multiples interactions et écrans simultanés. Cette multiprésence fait que, parfois, à force d’être partout, on n’est nulle part. Il évoluera aussi certainement en un réseau d’identités et de socialisations fluctuantes en fonction du moment, du contexte et de l’intention.
Enfin, l’épigénétique montre que l’environnement influe sur l’expression des gênes, et ce sur des périodes très courtes. Utilisateurs depuis vingt ans du réseau, nous avons peut-être déjà été modifiés. Nous n’écoutons plus que rarement des sons originaux continus mais plutôt des échantillonnages informatiques : une succession de mesures reconstituant le son. Comment notre audition s’adapte-t-elle ? Nous passons plus d’un tiers de notre temps devant des écrans luminescents unidimensionnels. Comment notre vision s’adapte-t-elle ? Nos facultés intellectuelles évoluent-elles, soumises au surflot continu des données ? Que devient notre concentration, notre attention, notre mémoire ? Apprend-on pareillement avec un livre et un ordinateur ? Que change à notre physiologie l’immersion constante dans le champ magnétique des appareils connectés ?
L’être humain est social. Depuis la nuit des temps, sa survie dépend des autres, du groupe. La compréhension du spectre infini des relations interpersonnelles et de leur complexité est une nécessité biologique. Qu’advient-il de nos apprentissages et de nos instincts lorsque ces échanges ne sont plus en face à face mais procèdent d’interactions restreintes entre identités symboliques par écrans interposés ?
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.

jeudi 21 août 2014

Influence américaine et soumission européenne (1/2), par Pierre Bellanger

L’Europe et ses intelligentsias ont pris pour habitude d’adopter prestement tout ce qui venait des États-Unis. Tout ce qui finit par ing fait l’objet d’une adulation immédiate. Il semblerait cependant que l’on ait un peu de mal avec le seul ing qui compte : le thinking. Lorsque la manipulation venue d’Amérique – qui frappe aussi leurs propres citoyens – invite à croire que la vie privée n’est plus à la mode et que le top de la hype est le dévoilement de soi dans une publication effrénée et sans pudeur… nous y cédons en masse, chacun de peur de ne plus être en phase avec la modernité ambiante. Sur Facebook, la vie privée est une option, découpée en plus d’une centaine de critères qui varient de mise à jour en mise à jour. Il faut être ingénieur système pour en maîtriser l’arborescence volatile ; c’est pourquoi, comme le souhaitent les initiateurs du service, c’est la configuration par défaut, elle aussi changeante, qui est majoritairement conservée. Au lieu de partir du secret absolu comme réglage de base, que l’utilisateur pourra ouvrir à sa façon, c’est l’inverse, il faut accomplir toutes sortes d’efforts pour se protéger. Et chaque évolution du service conduit à plus de dévoilement forcé. Le petit f, que l’on voit encore partout, signifie-t-il autre chose que flicage ? L’ahurissante naïveté de la fraternelle des pigeons incrits de bon cœur sur ces réseaux sociaux américains est consternante. Elle a pour équivalent la candeur des fumeurs de tabac dans les années 60.

Comme c’était cool, la cigarette au bec avant la première radio des poumons ; comme c’est moderne aujourd’hui d’avoir son profil avant de s’apercevoir que le dévoilement de sa vie privée se retourne contre soi.

Il faut voir comment les marques commerciales, les médias, les pouvoirs publics, y compris les personnalités politiques, les ont adoptés. Il était pathétique, ici, lors de la dernière campagne présidentielle, de voir nos candidats défendre leur belle idée de la France sur Facebook, Twitter et Youtube. Désormais, le site de la Présidence de la République française, www.elysee.fr, invite sur sa page d’accueil à s’inscrire sur Facebook pour l’aimer… Ce que 68 473 personnes ont fait au moment où j’écris ces lignes. Ce qui n’est pas mal pour un pays de 66 millions d’habitants. C’est juste un peu moins que les 1 600 000 fans de la délicieuse Danette sur le même réseau social. En revanche, Danette n’a pas encore de siège au Conseil de Sécurité des Nations unies. Un partout. Le ministère de la Culture célèbre la création numérique nationale en ouvrant un blog sur le service américain Tumblr.com, alors que le premier réseau social de blogs en France est français… Mais peut-être que payer ses impôts et respecter la vie privée n’est pas assez tendance… Si parfois Aurélie sauve l’honneur, la nouvelle donne est la soumission. Les élites politiques en donnent l’exemple. Jusqu’à quand l’acceptera-t-on ?

Mark Zuckerberg, le brillant fondateur de Facebook, a d’ailleurs proclamé la fin de la vie privée et institué la transparence permise par son réseau comme la nouvelle norme sociale. Le même Zuckerberg, surpris par les réalisateurs d’un documentaire sur l’Internet à la sortie de son domicile, a surtout souhaité ne pas être filmé, ni enregistré. Are you guys recording ? Will you please not ? Avec l’argent provenant du dévoilement de la vie privée d’autrui, dont peut-être la vôtre, Mark vient d’acquérir pour 44 millions d’euros les quatre maisons adjacentes à sa propriété. Personne qui ne soit de son choix ne l’entendra éclater de rire en regardant sur son service les profils, bien mis à jour, de plus d’un milliard de candides.

Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.

dimanche 10 août 2014

France Télécom : Orange sera cette couleur gaie comme on en voit parfois dans les unités de soins palliatifs

(…) L’opérateur de télécommunications doit abandonner son rôle d’opérateur de télécommunications pour celui de fournisseur au service des nouveaux opérateurs de télécommunications : les résogiciels. En tant que fournisseur, il sera mis en compétition avec des concurrents de même nature et avec les réseaux déployés par ses clients. Il affrontera cette situation en améliorant la qualité de son réseau, en dégradant sa marge, en concluant des alliances afin d’accroître sa taille et en investissant sur des marchés émergeants non encore sous la tutelle des résogiciels et qui attendent qu’il y développe les infrastructures. L’opérateur gérera le calendrier de sa récession qu’il coordonnera avec la démographie de l’entreprise (les départs en retraite sur une décennie). Il emploiera les artifices règlementaires à sa disposition pour maintenir ses positions et ses ressources, voire les améliorer temporairement : financement par les collectivités locales des zones déficitaires réglementation tarifaire moins contraignante sur la fibre par rapport au cuivre, marginalisation progressive des opérateurs entrants, etc…


France Télécom : Orange sera cette couleur gaie comme on en voit parfois dans les unités de soins palliatifsAu terme de ce processus, l’entreprise, réduite, se mettra dans l’orbite d’un acteur dominant du résogiciel, probablement américain (ce qui sera préfiguré par des accords de coopération l’éviscérant de sa valeur mais qui seront fièrement présentés) ; ou se verra démembrée (les portions rentables investies par des fonds, le reste sous perfusion publique) ; soit, enfin, intégrera une alliance subventionnée de fournisseurs européens. Dans l’intervalle, l’entreprise est exemplaire. L’inertie entre son déclin et sa manifestation adoucit le processus. Elle répond ainsi aux attentes financières à court terme.
Ce destin là ne nécessite aucune prise de décision particulière, aucune prise de risque. Ce n’est pas une décision, c’est une pente. Mais cette résignation ne sera pas exprimée : un habillage cosmétique donnera le change. Une mise en scène montrera l’inverse du processus en cours. L’entreprise apparaîtra comme multipliant les initiatives et les innovations dans le domaine du numérique. Dans les faits, l’absence d’intégration de ces actions, si performantes seront-elles, à une totalité fonctionnelle impliquant une mutation de l’entreprise en résolgiciel, les voueront à l’échec face aux écosystèmes informatiques rivaux.

Souveraineté numériqueCe scenario a pour double avantage d’une part de faire illusion auprès du plus grand nombre, y compris auprès d’élites décisionnaires, journalistes et analystes, et d’autre part de ne pas remettre en cause les fondamentaux de l’entreprise, tant dans sa nature statique actuelle que dans ses rendements généreux, fussent-ils décroissants. Il sera demandé aux dirigeants, quels qu’ils soient, de conduire les départs en retraite, les réductions d’effectifs et les baisses de marge jusqu’à épuisement. Orange sera cette couleur gaie comme on en voit parfois dans les unités de soins palliatifs.

Comment penser France Télécom autrement, tant puissantes sont les inerties et les médisances ? Faire de cette entreprise le fer de lance de notre révolution numérique ? Beaucoup voient cela comme un oxymore. Le saut périlleux du tétraplégique, en quelque sorte. Et de décrire comment ce monstre perclus et anémique échouerait avant même d’avoir commencé. (…)

Il se peut que cela soit tout l’inverse et que cette bête blessée soit notre meilleur appui. Foch, après la contre-offensive de la Marne en 1914, arrachant la victoire d’un désordre sanglant et désespéré, eut, paraît-il, ces mots : On gagne les batailles avec les restes.

Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.