L'Internet renouvelle les jeux nationaux souvent fermés et tenus par des acteurs installés. Il échappe aux collusions asphyxiantes et fissure jusqu'à les faire exploser les petits oligopoles protégés. Partout, il éveille casse les verrous et se joue des censures. Ouvert, sans autorisation ni droit d'entrée, sans capital ni pedigree, le réseau éveille les initiatives, les opinions, les idées, les entreprises et les expérimentations. Il apporte des solutions nouvelles qui améliorent le quotidien du grand nombre. Il fonde une conversation entre tous qui émancipe la société et ajoute au débat démocratique. Il est un des rares nouveaux contre-pouvoirs qui donnent une chance aux entrants par rapport aux intérêts en place. Les excès, les dangers, les erreurs et même sa capacité à reconfigurer dans la tourmente des industries entières ne doivent pas remettre en cause son extraordinaire utilité sociale.
C'est pourquoi cette source de changement permanent doit être préservée et défendue même si elle dérange et contrarie. L'économie de marché agit de la même manière en préservant la concurrence, le choix et la diversité des acteurs. La liberté de la presse répond de la même exigence. Mais cette vitalité créatrice et stimulante du réseau doit être employée à renforcer notre souveraineté, non pas à la saper.
Actuellement a lieu un transfert de souveraineté, de maîtrise de notre destin numérique, massif et silencieux. Peut-on l'accepter dès lors qu'on en prend conscience ? C'est non seulement un enjeu de vie privée pour des millions de personnes, mais aussi de compétitivité économique et de sécurité nationale pour tous. Les transferts de souveraineté sont souvent révélés trop tard. Prenons quelques signes avant-coureurs apparus dès 2011 : la mobilisation des systèmes de paiement, des réseaux sociaux et services de télécommunication privés contre Wikileaks ou le collectif des Anonymous, ou bien encore pour traquer les émeutiers de Londres. Soudain leurs transactions, leurs communications, leurs échanges furent interrompus, mais aussi analysés, recherchés. Il n'était pas acceptable que de telles actions - si nécessaires soient-elles dans certains cas - s'opèrent hors de la seule autorité judiciaire.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.
vendredi 20 juin 2014
lundi 16 juin 2014
Souveraineté numérique, par Pierre Bellanger : la neutralité du Net en question
Le débat sur la « neutralité du Net », c’est-à-dire l’obligation de véhiculer sans différenciation toute information transmise sur le réseau, est aussi un sujet de souveraineté. Il est probable que les grands acteurs des services Internet la défendront tant que leur pouvoir ne sera pas assuré, pour ensuite l’abandonner afin d’asseoir leur domination, car désormais seuls capables financièrement de faire discriminer positivement leurs services pour obtenir le meilleur débit. Demain, si le contrôle de nos infrastructures est perdu, les services des nouveaux propriétaires des réseaux seront privilégiés au détriment des autres, comme c’est déjà le cas sur les moteurs de recherche. La neutralité au niveau mondial se détermine par un rapport de force conjuguant marchés et réseaux : vos services seront bien traités chez nous si les nôtres sont bien traités chez vous. Et à chacun de s’y accorder ou non, en fonction de son préjudice potentiel. Un conseil : soyez le plus gros possible.
Demain, sur une plateforme de vente, la censure peut faire disparaître des éléments de notre culture, de notre art de vivre ou de notre diversité d’expression. Nous sommes habitués à la sexophobie anglo-saxonne et à leur promotion de la violence comme forme majeure de divertissement. Nous adoptons d’ailleurs progressivement, sans nous en rendre vraiment compte, leurs réserves et leurs tolérances. Le réseau social Facebook a maintenu en ligne plusieurs semaines la vidéo de la décapitation d’une femme mexicaine jusqu’à l’intervention du Premier ministre britannique, tandis qu’il a éliminé une reproduction du tableau de Gustave Courbet de 1866, un nu féminin dénommé fort justement : L’Origine du monde.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014. Source : jeanpierremaille.wordpress.com
Demain, sur une plateforme de vente, la censure peut faire disparaître des éléments de notre culture, de notre art de vivre ou de notre diversité d’expression. Nous sommes habitués à la sexophobie anglo-saxonne et à leur promotion de la violence comme forme majeure de divertissement. Nous adoptons d’ailleurs progressivement, sans nous en rendre vraiment compte, leurs réserves et leurs tolérances. Le réseau social Facebook a maintenu en ligne plusieurs semaines la vidéo de la décapitation d’une femme mexicaine jusqu’à l’intervention du Premier ministre britannique, tandis qu’il a éliminé une reproduction du tableau de Gustave Courbet de 1866, un nu féminin dénommé fort justement : L’Origine du monde.
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014. Source : jeanpierremaille.wordpress.com
samedi 7 juin 2014
« Le réseau est notre chance » : Pierre Bellanger appelle à la reconquête de la souveraineté numérique
"La mondialisation a dévasté nos classes populaires. L'internet va dévorer nos classes moyennes." C'est la thèse défendue par Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, dans son livre «La souveraineté numérique». Un ouvrage qui dénonce, en particulier, l’accaparement de nos données personnelles par une poignée de géants américains du net. Pierre Bellanger est notre invité cette semaine pour partager son analyse et détailler les solutions qu'il propose.
Si vous nous suivez régulièrement, vous avez probablement perçu une certaine note de pessimisme chez nos invités depuis quelques mois. Une inquiétude qui se traduit également dans l’actualité avec, tout récemment, la possibilité pour les Européens de faire valoir leur droit à l’oubli sur le moteur de recherche Google.
Le désenchantement numérique fait entendre sa voix de plus en plus fort et ce qui est le plus inquiétant, c’est que ses porte-parole sont, pour la plupart, de grands enthousiastes de l’Internet. Parmi eux, Pierre Bellanger. A ses yeux, la liberté dépend désormais de la reconquête de «notre» souveraineté numérique.
Qui menace cette souveraineté ? Et comment pouvons-nous la reconquérir ?
Première partie : rfi.fr/emission/20140607-1-reseau-bellanger-numerique/
Seconde partie : rfi.fr/emission/20140607-2-le-reseau-est-notre-chance-pierre-bellanger-appelle-reconquete-souverainete-nume/
Si vous nous suivez régulièrement, vous avez probablement perçu une certaine note de pessimisme chez nos invités depuis quelques mois. Une inquiétude qui se traduit également dans l’actualité avec, tout récemment, la possibilité pour les Européens de faire valoir leur droit à l’oubli sur le moteur de recherche Google.
Le désenchantement numérique fait entendre sa voix de plus en plus fort et ce qui est le plus inquiétant, c’est que ses porte-parole sont, pour la plupart, de grands enthousiastes de l’Internet. Parmi eux, Pierre Bellanger. A ses yeux, la liberté dépend désormais de la reconquête de «notre» souveraineté numérique.
Qui menace cette souveraineté ? Et comment pouvons-nous la reconquérir ?
Première partie : rfi.fr/emission/20140607-1-reseau-bellanger-numerique/
Seconde partie : rfi.fr/emission/20140607-2-le-reseau-est-notre-chance-pierre-bellanger-appelle-reconquete-souverainete-nume/
vendredi 6 juin 2014
Pierre Bellanger La souveraineté numérique STOCK
"La mondialisation a dévasté nos classes populaires. L’Internet va dévorer nos classes moyennes" Ce sombre présage illustre le ton de ce livre qui fourmille d’exemples concrets sur la révolution numérique et de pistes pour le futur. La France et l’Europe n’ont aucune maîtrise sur cette rupture majeure de l’histoire de l’humanité qui concerne emplois, données personnelles, vie privées, fiscalité et souveraineté, le cheval de bataille de Pierre Bellanger. Mais après avoir plongé son lecteur dans les affres de la perplexité et la peur, l’auteur indique les atouts de la France et de l’Europe et les solutions à envisager. D’après lui, la démocratie est un atout majeur face à la puissance montante de la Chine. On peut en douter, quand on voit que l’élection ne porte aujourd’hui au pouvoir que des élites de gauche ou de droite, incapables de proposer des solutions aux problèmes d’emploi, d’écologie, de santé, d’enseignement. Bellanger reprend l’antienne du progrès, vu sous l’angle du numérique, en expliquant qu’il contient l’antidote aux problèmes qu’il induit: suppression de la confidentialité, élimination massive d’emplois industriels, etc.
Taxer les donnés personnelles: une solution improbable
Un passage du livre traite de la fiscalité des données, une idée contenue dans le rapport Collin-Colin de 2013 sur la fiscalité du numérique. Les auteurs préconisaient de taxer les GAFA (Google, Facebook, Amazon, Apple) via une digi-douane qui demanderait aux géants du numérique de s’acquitter d’impôts en fonction de l’utilisation des données personnelles. Et de citer aussi la bourse aux quotas de CO2, laquelle a donné lieu à de telles arnaques en 2009 qu’il a fallu arrêter l’expérience.
Sources : humeursnumeriques.wordpress.com
libertesdigitales.wordpress.com
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