vendredi 26 septembre 2014

« Le réseau est notre chance » : Pierre Bellanger sur RFI (complet) juin 2014



"La mondialisation a dévasté nos classes populaires. L'internet va dévorer nos classes moyennes." C'est la thèse défendue par Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, dans son livre «La souveraineté numérique». Un ouvrage qui dénonce, en particulier, l’accaparement de nos données personnelles par une poignée de géants américains du net. Pierre Bellanger est notre invité cette semaine pour partager son analyse et détailler les solutions qu'il propose.

Si vous nous suivez régulièrement, vous avez probablement perçu une certaine note de pessimisme chez nos invités depuis quelques mois. Une inquiétude qui se traduit également dans l’actualité avec, tout récemment, la possibilité pour les Européens de faire valoir leur droit à l’oubli sur le moteur de recherche Google.

Le désenchantement numérique fait entendre sa voix de plus en plus fort et ce qui est le plus inquiétant, c’est que ses porte-parole sont, pour la plupart, de grands enthousiastes de l’Internet. Parmi eux, Pierre Bellanger. A ses yeux, la liberté dépend désormais de la reconquête de «notre» souveraineté numérique.

Qui menace cette souveraineté ? Et comment pouvons-nous la reconquérir ?

Suite : http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/souverainete-numerique

jeudi 4 septembre 2014

De notre relation aux machines à travers l’épigénétique

Avec le réseau, l’individu lui-même devient un réseau qui divise sa présence et sa personnalité en de multiples interactions et écrans simultanés. Cette multiprésence fait que, parfois, à force d’être partout, on n’est nulle part. Il évoluera aussi certainement en un réseau d’identités et de socialisations fluctuantes en fonction du moment, du contexte et de l’intention.
Enfin, l’épigénétique montre que l’environnement influe sur l’expression des gênes, et ce sur des périodes très courtes. Utilisateurs depuis vingt ans du réseau, nous avons peut-être déjà été modifiés. Nous n’écoutons plus que rarement des sons originaux continus mais plutôt des échantillonnages informatiques : une succession de mesures reconstituant le son. Comment notre audition s’adapte-t-elle ? Nous passons plus d’un tiers de notre temps devant des écrans luminescents unidimensionnels. Comment notre vision s’adapte-t-elle ? Nos facultés intellectuelles évoluent-elles, soumises au surflot continu des données ? Que devient notre concentration, notre attention, notre mémoire ? Apprend-on pareillement avec un livre et un ordinateur ? Que change à notre physiologie l’immersion constante dans le champ magnétique des appareils connectés ?
L’être humain est social. Depuis la nuit des temps, sa survie dépend des autres, du groupe. La compréhension du spectre infini des relations interpersonnelles et de leur complexité est une nécessité biologique. Qu’advient-il de nos apprentissages et de nos instincts lorsque ces échanges ne sont plus en face à face mais procèdent d’interactions restreintes entre identités symboliques par écrans interposés ?
Pierre Bellanger, La souveraineté numérique. Stock janvier 2014.